1795, 9 juin : Au
lendemain du décès de l'enfant du Temple, le docteur Philippe-Jean Pelletan,
chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu, assisté par les docteurs Lassus, Dumangin
et Jeanroy, procède à l'autopsie du corps. Profitant d'un moment d'inattention
de ses collègues, Pelletan "soustrait" le coeur, qu'il roule dans
du son, enferme dans un mouchoir et cache dans sa poche. De retour chez lui,
il place le coeur dans un vase de cristal rempli d'"esprit de vin"
- alcool éthylique. Il le dissimule derrière les livres de sa bibliothèque. 8
ou 10 ans plus tard, l'alcool s'est évaporé et le coeur, desséché, peut être
conservé tel quel. Pelletan le range alors avec d'autres pièces anatomiques,
dans un tiroir de son bureau.
Vers 1810 : Un élève de Pelletan, Jean-Henri Tillos, dérobe la précieuse
"relique", dont le chirurgien a eu l'imprudence de lui parler.
Cependant, Tillos succombe quelques années plus tard, victime de la
tuberculose. Pris de remords, il demande, sur son lit de mort, à sa veuve, de
rendre le coeur à son légitime détenteur.
1814-1815 : Au cours de la Première Restauration, Pelletan cherche à rendre
son "pieux larcin" aux Bourbons. En butte à des intrigues de cour,
accusé de sympathies bonapartistes, le chirurgien ne parvient pas à entrer en
contact avec Louis XVIII. Néanmoins, la duchesse d'Angoulême - Marie-Thérèse,
soeur de Louis XVII - le rencontre lors d'une visite à l'Hôtel-Dieu, puis
elle lui accorde une entrevue aux Tuileries. Elle interroge le chirurgien sur
les soins qu'il a donnés à son malheureux frère et sur le moyen qu'il a
employé pour "soustraire le coeur sans un danger imminent". Le
retour de Napoléon, durant les Cent-Jours, interrompt les efforts de
Pelletan.
1816-1817 : Pelletan tente de nouveau de remettre le coeur à la Famille
royale, sans succès. Plusieurs enquêtes sont diligentées, par plusieurs
ministères. Le chirurgien fournit des preuves écrites, des témoignages
nombreux, mais la précieuse relique demeure entre ses mains.
1828, 23 mai : Le coeur est déposé à l'archevêché de Paris, entre les mains
de Mgr de Quelen qui le reçoit "comme un dépôt sacré", et promet de
s'efforcer de le remettre au roi Charles X.
1829, 26 septembre : Mort du docteur Philippe-Jean Pelletan, à
Bourg-la-Reine.
1830, 29 juillet : Paris s'enflamme pendant les "Trois-Glorieuses".
Les révolutionnaires saccagent le palais de l'archevêché. Au cours du
pillage, un ouvrier imprimeur, B. Lescroart, s'empare du coeur pour le
restituer au fils du docteur Pelletan, Philippe-Gabriel, lui-même médecin.
Hélas, un émeutier lui dispute sa prise. L'urne de cristal qui renferme la
relique se brise. Lescroart ne sauve que les documents qui accompagnaient le
coeur. 5 août : le calme revenu, le fils Pelletan et Lescroart fouillent la
cour de l'archevêché. Par miracle, ils retrouvent les débris du vase et le
coeur enfoui dans un tas de sable. Philippe-Gabriel Pelletan place le coeur
dans une nouvelle urne, identique à la précédente.
1879, 11 octobre : Mort à Paris, du docteur Philippe-Gabriel Pelletan. Il lègue
le coeur à un ami, l'architecte Prosper Deschamps. Par le jeu d'une
succession d'héritages, la relique tombera finalement entre les mains d'un
certain Edouard Dumont.
1895, 22 juin : à Neuilly-sur-Seine, dans la propriété d'Edouard Dumont,
celui-ci remet le coeur au comte Urbain de Maillé, représentant don Carlos,
duc de Madrid, prétendant légitimiste au trône de France. 2 juillet : la
relique et le vase de cristal sont passés clandestinement en Italie par
l'érudit Maurice Pascal qui le dépose entre les mains de don Carlos, à
Venise. Quelques semaines plus tard, le coeur rejoint la chapelle du château
de Frohsdorf, près de Vienne.
Vers 1942 : Fuyant les ravages de la guerre, la fille de don Carlos,
Béatrice, princesse Massimo, emporte le coeur en Italie.
1975, 10 avril : Deux des quatre filles de la princesse Massimo, Marie des
Neiges - Mme Charles Piercy - et Blanche - comtesse de Wurmbrand Stuppach -
agissant conjointement avec leurs soeurs absentes, confie le coeur au duc de
Bauffremont, président du Mémorial de France à Saint-Denys, afin qu'il soit
conservé dans la nécropole des rois de France.
1999, 15 décembre : A l'initiative de l'historien Philippe Delorme et avec
l'accord du duc de Bauffremont, un prélèvement est pratiqué sur la relique par
les soins du professeur Jean-Jacques Cassiman, généticien de l'université de
Louvain, en Belgique.
2000, 19 avril : Les séquences ADN mitochondrial obtenues à Louvain dans les
échantillons du coeur, sont corroborées par celles obtenues par le professeur
Bernd Brinkmann, directeur de l'Institut de Médecine légale de l'université
de Munster, en Allemagne.
CES SEQUENCES SONT IDENTIQUES A CELLES OBTENUES PRECEDEMMENT A PARTIR DES
CHEVEUX DE MARIE-ANTOINETTE ET DE SES SOEURS. En plus, une variante dans la séquence
de l'ADN du coeur, retrouvée aussi chez les descendants actuels des Habsbourg
par les femmes, Anne de Roumanie et son frère André de Bourbon Parme,
renforce encore "UNE PARENTE PLUS QUE PROBABLE ENTRE CES DIFFERENTES
PERSONNES".
NON
! LE COEUR CONSERVE A SAINT-DENIS, ET ANALYSE PAR LES PROFESSEURS CASSIMAN ET
BRINKMAN N'EST PAS CELUI DE LOUIS-JOSEPH, FRERE AINE DE LOUIS XVII, MORT EN
1789 !
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Princes du Malheur - le destin tragique des enfants de Louis XVI et
Marie-Antoinette", par Philippe Delorme
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